Hier baroudeuse et exploratrice aujourd’hui
Il fut un temps où je me définissais (on me définissait ainsi, je reprends les termes) fièrement comme une baroudeuse. Ce genre de voyageuse qui vit pour l’aventure, le sac à dos jamais vraiment déballé, prête à partir sur un coup de tête. J’aimais l’imprévu, les chemins de traverse et les rencontres qui arrivaient comme par magie. Dormir chez l’habitant, en bivouac ou même dans des conditions rudimentaires faisait partie du jeu. C’était cette spontanéité qui me faisait vibrer, cette façon d’accueillir la vie et ses surprises avec un grand sourire.
Traverser des continents en train, me perdre dans des villages reculés, improviser une randonnée au lever du soleil : voilà ce qui me nourrissait. Chaque instant était une opportunité de vivre intensément, sans autre objectif que de ressentir cette incroyable liberté. La baroudeuse en moi aimait être là où le vent la portait, savourant l’imprévu et les expériences brutes.
L’exploratrice : un nouvel état d’esprit

Mais aujourd’hui, les choses ont évolué. Si je reste profondément attachée à cette insouciance propre à la baroudeuse, je me sens plus exploratrice. L’exploration, c’est une quête plus profonde, presque introspective. Désormais, chaque voyage est guidé par une envie d’aller au-delà des apparences, de creuser, de comprendre. Et parfois, cette exploration ne se limite même pas aux frontières géographiques : elle est physique, culturelle, intellectuelle.
Prenons mon expérience du triathlon, par exemple. Ce défi, bien loin de ma zone de confort, a été une vraie exploration de mes capacités physiques et mentales. Nager, pédaler, courir : une épreuve où j’ai appris à repousser mes limites, à affronter mes doutes (même si c’était un format xs), mais surtout à savourer le plaisir de terminer quelque chose que je n’aurais jamais imaginé réussir. Chaque kilomètre parcouru m’a rappelé que l’exploration passe aussi par le dépassement de soi. Ce n’est pas qu’un défi sportif, c’est une façon de se découvrir, de grandir, de sentir son corps en mouvement et en harmonie avec ses efforts.
Culture
Côté culturel, ma curiosité m’a poussée à multiplier les apprentissages. La mosaïque, la couture, le tissage, la vannerie, le vitrail, la poterie, la sculpture, etc : ces savoir-faire manuels sont des portes ouvertes sur des univers riches en histoire et en tradition. Apprendre les bases de ces métiers d’artisanat m’a permis d’apprécier encore plus les cultures qui les ont portés. Chaque stage ou atelier est une aventure en soi, un moyen d’explorer un savoir ancestral tout en créant quelque chose de mes mains. Et que dire de mon amour pour les cuisines du monde, où chaque plat raconte une histoire, chaque épice transporte ailleurs. À chaque voyage, je me plonge dans les saveurs locales, découvrant non seulement de nouvelles recettes, mais aussi de nouvelles façons de partager et de célébrer la vie.

Apprentissages
Les langues, les danses et la musique font partie intégrante de mon exploration du monde. Chaque mot appris, chaque note jouée, chaque pas esquissé, c’est un lien tissé avec une culture, une façon de m’enrichir tout en honorant les traditions des autres. Apprendre une langue, c’est ouvrir une porte sur un monde de nuances, de conversations possibles, de connexions humaines.
Jouer de la musique, c’est donner une voix aux émotions universelles, s’approprier des sonorités venues d’ailleurs, ressentir l’âme d’un peuple à travers ses mélodies. Que ce soit avec mon saxophone dans une fanfare, en découvrant les subtilités d’un nouvel instrument ou en explorant des répertoires différents, la musique me permet de voyager autrement, de dialoguer sans mots, d’entrer en résonance avec d’autres cultures.
Quant à la danse, elle m’a souvent offert une immersion unique dans l’énergie d’un lieu. Se laisser porter par un rythme, suivre les mouvements ancrés dans l’histoire d’un peuple, c’est une autre manière de comprendre et de ressentir. Ensemble, ces arts sont des langages universels qui transcendent les frontières et nourrissent ma quête d’exploration.
Un mélange harmonieux : baroudeuse et exploratrice

Et si, finalement, je n’étais qu’un mélange des deux ? La baroudeuse insouciante que j’étais n’a jamais vraiment disparu. Elle est toujours là, prête à s’émerveiller d’un coucher de soleil, à partir sur un coup de tête, à vivre l’instant. J’ai toujours mon sac à dos avec mon passeport de prêt (c’est encore plus vrai depuis le tremblement de terre vécu au Japon). Mais avec les années (et oui, vieillir est une chance ! ), j’ai gagné en profondeur, en envie de quête, en besoin de sens. Je suis devenue exploratrice tout en gardant ce petit grain de folie, cette liberté qui me définit.
Ce n’est pas Anthony qui vous dira le contraire. Lui qui dit oui à toutes mes folies de vagabondage. Même s’il râle souvent au début de l’aventure, il est reconnaissant de faire de telles découvertes dans la vie. Qu’il affronte son vertige lorsque je le fais grimper à plus de 5000 mètres d’altitude dans des parois escarpées. Ou bien qu’il prenne confiance en nageant avec les tortues. A vélo que l’on slalom entre les potentielles mines ou que l’on grimpe des côtes à plus de 20 %, il finit toujours par être content d’avoir repoussé ses limites. Il faut dire qu’avec moi, on ne reste jamais longtemps dans sa zone de confort. C’est parfois épuisant, je le conçois.
Être baroudeuse m’a appris à accueillir l’imprévu et à embrasser la spontanéité. Être exploratrice m’apprend à aller au-delà des apparences, à chercher ce qui se cache derrière les paysages, les traditions, les émotions. Chaque voyage, chaque projet, chaque apprentissage devient une façon de relier ces deux identités.
Vieillir : une richesse à célébrer

Je crois sincèrement que vieillir n’est pas une « perte » : c’est un gain de richesse, de maturité, de compréhension. Chaque ride (et cheveu blanc), chaque expérience, chaque apprentissage m’ont rendue plus entière, plus curieuse, plus vivante. J’ai appris à embrasser l’équilibre entre la spontanéité et la réflexion, entre l’aventure et la quête de sens.
Je savoure cette évolution. Être baroudeuse m’a permis d’aimer le monde tel qu’il est, brut, authentique. Être exploratrice me permet aujourd’hui de le comprendre en profondeur, de m’en imprégner et de le chérir encore davantage. Ensemble, ces deux facettes créent une version de moi plus riche, plus nuancée, plus vibrante.
Alors, baroudeuse ou exploratrice ? Peut-être les deux. Ou peut-être simplement moi, une voyageuse passionnée qui ne cesse de grandir, d’apprendre et de s’émerveiller. Ma devise : endless exploration!
Et vous, quelle voyageuse ou voyageur êtes-vous ? 😊