Entre eau, riz et tori : ma visite au temple Nakamachi à Hiroshima.
J’ai toujours pensé qu’un temple japonais, c’était juste un beau bâtiment en bois où l’on se promène en silence. Mais non pas du tout. Lors de ma première visite au Japon j’ai pu apprendre de ces rituels. Alors cette fois au temple Nakamachi à Hiroshima, j’ai redécouvert un univers de rituels, de symboles et de gestes codifiés. Le tout dans une atmosphère à la fois sacrée et apaisante. Allez, je t’emmène avec moi pour décrypter les rites japonais (sans manuel compliqué, promis).
Le passage sous le torii : une porte vers le sacré
Impossible de manquer le torii, ce grand portique rouge (parfois en bois naturel ou même en pierre) qui marque l’entrée d’un sanctuaire shinto. Je veux en fabriquer un pour mon jardin.
Traverser un torii, c’est un peu comme laisser ses pensées du quotidien derrière soi : adieu factures EDF, bonjour spiritualité.
Symboliquement, le torii sépare le monde des hommes du monde des kami (les divinités shinto). C’est un sas vers un autre univers. Et moi, en passant dessous, j’ai eu l’impression de changer de fréquence radio.
L’eau pour se purifier : le rite du temizuya
Juste après le torii, on tombe souvent sur un petit pavillon avec une fontaine et des louches en bambou : c’est le temizuya. Là, les visiteurs se lavent les mains et se rincent la bouche.
L’idée ? Se purifier avant de prier. Mais attention, ce n’est pas une toilette express ! Il faut respecter un ordre :
Rincer la main gauche. Puis la main droite. Rincer la bouche (en gardant l’eau dans la main, pas en buvant direct à la louche, sinon malaise garanti). Enfin, rincer la louche elle-même.
Un geste simple mais lourd de sens : on entre dans le temple « propre », pas seulement physiquement, mais aussi intérieurement.
Les offrandes : riz, sel et eau
En avançant dans le sanctuaire, j’ai remarqué de petites coupelles posées devant l’autel. Dedans : du riz, du sel, et de l’eau. Trois éléments simples, mais hautement symboliques.
L’eau représente la pureté et le lien entre le monde terrestre et le monde spirituel. Le riz, base de l’alimentation japonaise, symbolise la prospérité, la vie, et la gratitude. Le sel, lui, est purificateur. Au Japon, on en met aussi devant les maisons ou à l’entrée des restaurants pour éloigner les mauvais esprits (et attirer la bonne énergie).
J’ai trouvé ça beau : trois choses du quotidien, si basiques, qui se transforment en messagers entre l’homme et le divin.
Les ema : écrire ses vœux sur du bois
En flânant dans la cour du temple Nakamachi, mon regard a été attiré par des dizaines de petites plaques en bois suspendues côte à côte. On aurait dit un mur de pensées accrochées au vent. Ce sont les ema, de petites planchettes sur lesquelles les visiteurs écrivent leurs vœux, leurs prières ou leurs remerciements.
À l’origine, on offrait des chevaux vivants aux dieux (oui, un vrai cheval !), car ils étaient censés transporter les messages humains vers les kami. Heureusement pour nos écuries modernes, la coutume s’est transformée : aujourd’hui, on dessine ou on écrit simplement son vœu sur une petite plaque en bois décorée.
Chacun y va de sa demande : réussite aux examens, santé, amour, carrière, parfois même… victoire à un match de foot ! J’avoue, j’ai passé un bon quart d’heure à lire les vœux des autres, certains émouvants, d’autres carrément drôles. C’est un peu comme feuilleter le journal intime collectif de l’humanité, version temple japonais.
Les offrandes personnelles : une pièce et un vœu
Moi aussi, j’ai joué le jeu. Devant l’autel, j’ai lancé une pièce (souvent 5 yens, car en japonais « go-en » signifie aussi « bon lien »). Ensuite, on tape deux fois dans ses mains, on s’incline, on fait son vœu en silence, et on s’incline encore une fois.
Ce petit rituel est un mélange de recueillement et de convivialité. Oui, convivialité ! Parce que taper dans ses mains au temple, c’est un peu comme dire « coucou, je suis là ! » aux divinités.
Une culture de symboles
À chaque étape, le temple m’a rappelé que les Japonais ont un art unique de rendre le quotidien sacré. Le torii, l’eau, le sel, le riz, les pièces offertes… rien n’est anodin. Ce sont des symboles qui connectent l’homme à la nature, aux ancêtres et aux divinités.
En sortant du temple Nakamachi, j’avais la tête pleine de significations. Et surtout une immense envie de partager tout ça pour que, la prochaine fois que tu verras un torii rouge ou un pavillon d’eau, tu puisses dire : « Attends, je sais ce que ça veut dire ! » (effet garanti sur les copains en voyage).







