Un bout de la Via Sancti Martini. Pour un week-end à vélo entre églises peintes, ponts fermés et hollandais passionnés
J’ai une théorie : tous les voyages à vélo commencent très tôt. Et cette fois-ci ne fait pas exception… 5h30 du matin, un œil a moitié ouvert et l’autre qui cherche le frein du vélo, Anthony et moi, alias le duo de choc de W.Y.W.H., nous voilà partis en direction de la gare de Montluçon. Objectif : Gannat, départ d’un week-end d’aventure sur la Via Sancti Martini, ce chemin européen de pèlerinage dédié à saint Martin de Tours.
🗺️ Nous avons suivi le parcours officiel de la Via Sancti Martini, de l’étape 96 à l’étape 116, tel qu’indiqué sur ce lien Visorando.
Gannat – Saulzet – Jenzat : quand tout roule… jusqu’au pont
Une fois arrivés à Gannat (merci TER, tu as été doux comme une selle en gel), on attaque les premiers tours de roue direction Saulzet. Il fait frais, très frais, je remets des jambes et un polaire, c’est joli. On prend un café bien chaud à la boulangerie ainsi que des sandwichs pour midi. Tout va bien. Et puis bam, Jenzat. Première église croisée sur notre parcours : l’église Saint-Martin. Évidemment. On est pile sur le bon chemin et on le sait.
Mais le karma cyclo-pèlerin, lui, a décidé de jouer. Le pont qui enjambe la Sioule ? En travaux. Inaccessible. Même pas à pied, même pas en équilibre sur la roue arrière, même pas en invoquant Saint Martin. On a bien pensé traverser à la nage mais l’eau était vraiment très froide…
Résultat ? Un détour de plus de 10 km, sous un soleil déjà bien décidé à cuire notre bonne humeur.




Pause (sucrée-salée) à Charroux et églises bourbonnaises
Heureusement, on arrive à Charroux, classé parmi les plus beaux villages de France (et on comprend vite pourquoi). Petite pause bien méritée à La Kitschinette : c’est bon, c’est beau, c’est… pas donné, disons-le franchement. Mais bon, il fallait bien compenser le détour avec un dessert, non ?
On reprend la route par Taxat-Senat et son église peinte Saint-André, typique du Bourbonnais. Moi qui aime les églises comme d’autres aiment les glaces (c’est-à-dire avec passion mais avec esprit critique), je suis servie ! Certaines sont sobres, d’autres baroques, mais celles peintes ? C’est un régal culturel. On déjeune à Bellenaves, puis on enchaîne Vernusses, Target, Coutansouze et Louroux-de-Bouble, avec le soleil en mode : « Tiens, prends-toi ça dans la face, Saint-Pancrace ».
Louroux-de-Beaune et nos hôtes hollandais
On décide donc d’arrêter là, à Louroux-de-Beaune. Et là, surprise qui fait oublier les cuisses en feu : nos hôtes sont hollandais, cyclistes et globe-trotteurs. La soirée sera riche de récits, d’anecdotes, de fous rires et de partages. C’est pour ça que je fais du vélo. Pas juste pour les mollets, mais pour ces rencontres-là. Ils ont beaucoup fait l’Afrique à vélo et si nous sommes l’un et l’autre déjà allé sur ce continent, nous n’y sommes pas allés ensemble à vélo… Cela nous donne envie et nous glisse de nombreux projets en tête.
Petite parenthèse technique : la Via Sancti Martini, bien qu’idyllique pour du gravel, n’est pas toujours idéale pour les vélos de voyage avec sacoches comme les nôtres. Les passages en forêt sont jolis mais traîtres : ça glisse, on dérape et notre grâce légendaire prend un coup. Alors on adapte, on bifurque, on trace notre propre chemin.







Jour 2 : entre côtes et café à Néris-les-Bains
Après un petit-déjeuner copieux (peut-être trop…), on attaque les côtes direction Hyds, puis Colombier. On pousse jusqu’à Malicorne, où on quitte temporairement le tracé officiel. Par choix et un peu aussi par instinct de survie. On retrouve ensuite la Via pour éviter Commentry et rejoindre Néris-les-Bains. Là, on s’offre un café bien mérité, à l’ombre d’une terrasse. Rien de tel pour se sentir en vacances à 20 km de chez soi.
Et puis, cerise sur la selle : l’ancienne voie ferrée entre Néris et Montluçon. Une descente tout en douceur, sans effort, à savourer comme une tarte aux pommes maison. On y croise même un ami en fin de footing. On passe par Domérat et enfin, retour à Huriel pour le déjeuner. Et là, j’ai une seule envie : recommencer.
Le bonheur d’un week-end à deux roues
Ce week-end, c’était du vélo, des églises, du soleil et des kilomètres avalés. C’était aussi des discussions au rythme des pédales, des silences partagés et des regards complices. Avec Anthony, chacun a sa spécialité : lui, le réchaud et la cuisine, moi, la boussole et la lecture de carte. À nous deux, on fait une bonne équipe (et parfois un couple qui débat sur la définition d’un “petit détour”).
Le vélo, c’est mon mode de transport favori. Assez rapide pour voir le paysage défiler, assez lent pour en capter l’âme. Et cette Via Sancti Martini, malgré ses embûches, nous a offert un week-end haut en couleurs, en chaleur (merci le soleil…) et en humanité.



🔗 Pour prolonger la balade :
- 📌 Étapes 96 à 116 de la Via Sancti Martini – Visorando
- 🚴 Autres récits de voyage à vélo sur le blog
- 🏰 Charroux, plus beau village de France
- 💧 Thermes de Néris-les-Bains
Et toi, tu la connais, cette sensation magique de se sentir libre, en équilibre, les cheveux au vent et le cœur en joie ? Si ce n’est pas le cas… je t’assure, la via Sancti Martini, ça vaut le détour (même de 10 km).