Une journée à Nara : entre biches sacrées et grand Bouddha
Il y a des journées de voyage qui restent gravées dans la mémoire comme une aquarelle qu’on aurait laissée sécher au soleil.
Ma journée à Nara, ancienne capitale impériale du Japon, fait clairement partie de celles-là. J’y suis venue pour voir les temples, respirer un peu d’histoire… et j’ai surtout été accueillie par des dizaines de biches en liberté, réclamant des biscuits avec la grâce d’une rock star en tournée.
Je connaissais déjà mais j’étais ravie de partager cela en famille cette fois.
Le temple Tōdaiji : grandeur et sérénité mêlées
Impossible de parler de Nara sans évoquer le temple Tōdaiji, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Dès l’entrée, le gigantisme du lieu coupe le souffle : des toits de bois qui semblent flotter sur un océan de verdure, une allée monumentale bordée de lanternes de pierre, et ce silence… malgré la foule, on entend presque le vent caresser les pins.
À l’intérieur, se trouve le Daibutsu, le grand Bouddha de bronze. Quinze mètres de pure majesté. On se sent tout petit face à cette statue d’un calme absolu, les paupières mi-closes, comme si elle rêvait le monde. J’ai eu l’impression que le temps s’était suspendu ou que c’était moi qui étais entrée dans un autre temps.
Et puis il y a cette odeur particulière, mélange d’encens, de bois ancien et d’humidité. Une atmosphère qui apaise instantanément.
Les biches sacrées de Nara : mi-anges mi-divas
Dès qu’on sort du temple, on tombe sur le peuple le plus adorable et le plus opportuniste du Japon : les fameuses biches de Nara.
Elles se promènent librement dans le parc, traversent les allées, dorment sous les arbres, et viennent délicatement réclamer des “shika senbei” (leurs biscuits officiels vendus à chaque coin de rue).
D’après la légende, ces biches sont les messagères des dieux shinto. Et on comprend pourquoi : elles ont ce regard profond et doux, un peu mystique… jusqu’à ce qu’elles sentent le paquet de gâteaux dans ta main. Là, leur aura divine s’évapore instantanément : elles te suivent, te donnent des petits coups de tête, voire tentent un vol en règle.
Mais comment leur en vouloir ? On finit toujours par céder, hilare, au charme de leurs yeux de biche (littéralement).
Un parc hors du temps
Le Nara Park est immense. On y croise des temples cachés derrière les érables, des sentiers qui serpentent jusqu’à des pagodes, des bassins où flottent des lotus. Tout est calme, verdoyant, poétique.
En octobre, les feuillages commencent à rougir un spectacle absolument sublime. En avril, c’est un océan de cerisiers en fleurs. Bref, quelle que soit la saison, Nara te prend le cœur.
Je me suis assise un moment sur un banc, entourée de biches, avec le parfum des pins dans l’air. C’est ce genre de moment où tu ne fais rien… mais où tout se passe.
Une petite faim ? Direction les ruelles gourmandes
Après les temples et les biches, Nara a aussi de quoi réjouir les papilles.
J’ai craqué pour un daifuku à la fraise (mochi moelleux et fruit frais à l’intérieur), un vrai nuage sucré. Les petites échoppes près du parc regorgent aussi de thés verts matcha, de glaces et de souvenirs charmants.
Nara, une parenthèse entre ciel et terre
Quand je repense à cette journée, je revois le visage impassible du Bouddha, les biches qui me suivent comme des gardiennes du lieu, et cette impression étrange d’être à la fois ailleurs et en moi-même.
Nara, c’est une leçon de douceur et d’humilité : la beauté brute de la nature, la spiritualité palpable, et ce lien invisible entre les hommes et les animaux.
J’en suis repartie le cœur léger, les mains un peu collantes de biscuits de biches, et l’esprit apaisé comme après une longue méditation.






