Nous sommes arrivés à Osaka un soir d’été, moite et bruyant, les bras chargés de valises et la tête pleine d’images de temples paisibles et de cerisiers en fleurs pour ma famille.
Autant dire que ce n’est pas la bonne carte postale.
Ici, pas de silence ni de contemplation : Osaka vibre, hurle, clignote.
C’est une ville qui te saute dessus sans prévenir, te bouscule, te nourrit, t’étourdit et te laisse sans voix… ou plutôt avec la bouche pleine de takoyaki.
Les rues qui clignotent plus que le réveil
Si Tokyo est chic, millimétrée, presque timide, Osaka, elle, c’est la grande sœur exubérante, celle qui rit trop fort et te traîne en soirée alors que tu voulais juste boire un thé.
Dōtonbori, le cœur battant de la ville, ressemble à un manège géant :
des néons partout, des enseignes monumentales, un poulpe géant qui t’observe depuis une façade, un crabe mécanique qui agite ses pinces et des hordes de gens qui se pressent pour goûter à tout.
C’est un chaos organisé, un festival de sons, de lumières et d’odeurs.
Entre les effluves de grillades, les musiques d’arcades et les éclats de rire, on a eu l’impression d’être à l’intérieur d’un jeu vidéo grandeur nature.




Les fameuses boulettes de poulpe (et ma bouche en feu)
Et au milieu de tout ça, il y a les takoyaki, les stars incontestées d’Osaka.
Ces petites boulettes moelleuses à base de pâte, de ciboule, de gingembre et de morceaux de poulpe, grillées sur une plaque ronde, sont une vraie religion ici.
J’ai fait la queue devant Takoyaki Wanaka, attirée par l’odeur et par la foule qui semblait y avoir trouvé la lumière divine.
Quelques minutes plus tard, j’avais entre les mains six petites boules fumantes, couvertes de sauce sucrée-salée, de mayonnaise et de copeaux de bonite dansant au vent chaud.
Ça a beaucoup amusé ma maman cette bonite.
C’est croustillant dehors, fondant dedans… et brûlant. Très brûlant.
Mais délicieux. (Mes papilles ont survécu, juste à temps pour en redemander.)

Une bulle de calme à l’aquarium Kaiyukan
Quand j’ai commencé à saturer du vacarme urbain, j’ai trouvé refuge à l’aquarium Kaiyukan, l’un des plus grands du monde.
Et là, changement total d’ambiance : plus de klaxons, plus de cris, juste le murmure de l’eau et la lenteur des méduses.
Des raies géantes glissent dans la pénombre, un requin-baleine traverse majestueusement le bassin central, et je reste, hypnotisée, le nez collé à la vitre comme une enfant.
C’est un spectacle fascinant, apaisant, presque méditatif.
Si Osaka est un orage, le Kaiyukan, c’est le calme après la tempête.





Osaka, la ville qui m’échappe un peu
J’ai quitté Osaka avec un sentiment étrange.
C’est une ville trop vivante pour moi, trop rapide, trop bruyante, mais impossible à oublier.
Elle m’a oppressée et fascinée à la fois. Comme un feu d’artifice qu’on regarde en se disant : c’est trop, mais qu’est-ce que c’est beau.
Je ne m’y suis pas sentie chez moi. Mais j’y ai goûté une facette du Japon brute et authentique, celle qui grouille, rit, transpire et ne s’excuse pas d’exister.
Osaka, c’est une expérience sensorielle, un tourbillon.
Une ville qu’on ne comprend pas tout de suite, mais qu’on n’oublie jamais.
Et moi, je crois que c’est ça aussi, voyager : être bousculée, éblouie, parfois déroutée. Mais toujours un peu plus vivante à chaque pas.