Je ne suis pas un arbre, je suis un papillon (et j’assume)
Il y a des mots qui nous collent à la peau et qu’on finit par gratter, comme une vieille étiquette qu’on n’a pas choisie. Pour moi, le mot racines en fait partie. En lisant cette phrase d’Amin Maalouf, j’ai compris pourquoi :
“Je n’aime pas le mot racines, et l’image encore moins. Les racines s’enfouissent dans le sol, se contorsionnent dans la boue, s’épanouissent dans les ténèbres, elles retiennent l’arbre captif dès la naissance et le nourrissent au prix d’un chantage : tu te libères, tu meurs.”
Voilà. C’est dit.
Et tu sais quoi ? Je suis d’accord avec lui. Oui, les racines forgent, construisent, nourrissent même. Mais elles peuvent aussi enfermer, emprisonner, étouffer. Moi, je veux être libre. Libre de me planter là où je veux, libre de changer, d’aimer, de m’éloigner. Libre de fleurir ailleurs.
La famille : ancrage ou ancre ?
Je crois que parfois, ce sont ceux qui nous aiment qui nous tiennent le plus en laisse. Pas méchamment, non. Par peur. Par souci de bien faire. Mais moi, j’ai toujours eu besoin d’une liberté sans condition, sans œillères, sans « oui mais si », sans « tu crois que c’est raisonnable ? »
Dans ma famille, c’est mon papi qui m’a montré une autre voie. Un homme libre, profondément ancré dans la nature, dans la simplicité et dans l’écoute du monde. C’est lui qui m’a appris à tendre l’oreille quand le vent souffle, à regarder les oiseaux pour savoir si un orage approche. Il est ma boussole intérieure, pas une racine, non. Plutôt une étoile du nord.
Et peut-être que le jour où je me sentirai prête, je reviendrai vivre là où il a grandi. Mais pas avant d’avoir fait le tour du monde – mon tour, à moi.
Je suis un papillon, pas un chêne
Si je devais choisir une image pour me définir, ce ne serait ni une plante enracinée, ni un arbre majestueux. Moi, je suis un papillon migrateur, capable de faire des milliers de kilomètres. Je vole où je veux, quand je veux. Parfois seule, parfois accompagnée, mais toujours en mouvement.
C’est ce que j’aime dans le concept japonais de l’oubaitori. Quatre arbres : le sakura (cerisier), l’ume (prunier), le momo (pêcher), et le tachibana (mandarinier). Ils fleurissent à leur rythme, sans jamais se comparer. Cette philosophie te dit : tu as le droit d’être toi. À ton rythme. Avec ta couleur. Avec ton parfum.
Alors non, je ne veux pas qu’on me définisse par mes racines. Je veux qu’on m’accompagne dans ma floraison.
Être libre, c’est choisir
Pour moi, la liberté, c’est ça : avoir le choix. Le choix de partir. Ou bien de rester. Celui de rater. Et de recommencer. Et même si parfois, je me mets moi-même des bâtons dans les roues (qui ne le fait pas ? ), je sais que je suis libre. Libre d’enlever ces bâtons. De prendre une autre route. D’écouter mon instinct.
Mais en France, cette liberté me semble parfois confisquée. Trop de critiques, trop de jugements, trop de « tu devrais ». Le pessimisme y est roi et l’enthousiasme perçu comme une naïveté suspecte. Je me sens souvent plus vivante, plus alignée, plus humaine ailleurs.
Endless exploration
Mon mantra à moi, c’est « Endless exploration ». Explorer le monde, les autres, moi-même. Accepter que tout change. Que moi aussi, je change. Et que c’est beau. Je ne cherche pas à être parfaite, je cherche à être en paix.
Et tu sais quoi ? Même dans l’incertitude, même dans les chagrins, même dans le chaos… je souris. Parce que j’ai compris que le vrai soleil, c’est celui que je porte en moi.
