Duyen

Carnets Humeur Vietnam

Le Duyên ou quand la vie t’envoie les bonnes (et les mauvaises) personnes au bon moment

Qu’est-ce que le Duyên ?

Au Vietnam, on croit en quelque chose de très poétique qu’on appelle Duyên.

C’est une idée à la fois douce et vertigineuse : certaines personnes sont faites pour croiser notre route, au moment exact où nous en avons besoin.

Rien n’arrive par hasard, disent-ils. Et franchement, plus le temps passe, plus j’y crois.

Avoir le duyên, c’est vivre des rencontres inévitables, parfois légères comme une brise d’été, parfois profondes comme un séisme intérieur.

Elles te changent. Pas toutes ne restent, mais elles laissent une empreinte, un frisson, un souvenir qui te pousse à grandir.

On parle aussi de Có duyên, quand deux âmes ont une affinité naturelle.

Et c’est plutôt rassurant : si tu te sens seule aujourd’hui, ne te précipite pas.

Ce qui est fait pour toi finira toujours par te trouver, à la vietnamienne, c’est une promesse du destin.

Mon Duyên vietnamien… ou comment j’ai (presque) fui le pays

Il y a quelques années, j’ai décidé de partir seule au Vietnam, du Sud au nord, à vélo.

Oui, à vélo. Et non, ce n’était pas une idée de génie.

Ce voyage, je l’ai détesté. Tout allait de travers. Les paysages ? Magnifiques, bien sûr.

Mais les rencontres ? Ouh là… pas une seule bonne. Des incompréhensions culturelles, des attaques verbales, un sentiment d’oppression constant.

Un mois d’aventure qui s’est transformé en épreuve.

Pourtant, j’y ai appris deux ou trois choses.

La première : je n’y retournerai probablement jamais (rire nerveux).

Mais la deuxième, beaucoup plus importante : j’y ai appris ce que veut dire le Duyên.

Parce qu’au milieu de ce chaos, il y a eu quelques moments suspendus :

– un vieux maître d’arts martiaux qui m’a initiée au Việt Võ Đạo,

– une cuisinière adorable à Hué qui m’a appris à préparer des bánh xèo (ces crêpes croustillantes farcies) et des gỏi cuốn (rouleaux de printemps frais).

Et c’est dans ces instants-là que j’ai compris : parfois, le Duyên ne ressemble pas à un cadeau.

C’est une leçon. Une claque de vie qui te remet à ta place, qui t’apprend à regarder autrement.

Quand les rencontres secouent l’âme

Dernièrement, j’ai revécu une forme de Duyên… mais bien plus proche de chez moi.

Des rencontres intenses, paradoxales : il fallait qu’elles arrivent, mais elles m’ont profondément déstabilisée.

D’un côté, un besoin de compréhension. De l’autre, un mur.

Une incompréhension totale !

Ces échanges m’ont fait vaciller, au point de presque me perdre moi-même.

J’ai mis du temps à comprendre : tout n’est pas destiné à durer.

Mais tout est destiné à t’enseigner quelque chose.

Même la douleur, même la déception, même le rejet.

Ces personnes, aussi dures qu’elles aient été, m’ont appris ce que je ne voulais surtout pas devenir. (Hors de question que je leur ressemble).

Et ce que je voulais continuer d’incarner :

la bienveillance, l’accueil de la différence, la main tendue quand d’autres la retirent.

Reprendre la route, autrement

Aujourd’hui, je reprends doucement mon chemin.

Je ne peux pas changer pour plaire, ni pour être comprise par tous.

Je ne peux pas me renier pour appartenir à un groupe.

Je crois profondément qu’on ne laisse pas quelqu’un sur le bord de la route juste parce qu’il trébuche.

Alors oui, j’avance avec mes doutes, mes cicatrices et mon Duyên cabossé.

Mais j’avance.

Et peut-être qu’un jour, quelque part, le Duyên me fera recroiser ces âmes-là sous une autre forme, dans un autre temps.

Et que cette fois, on se comprendra.

Ou pas.

Mais ce n’est pas grave : j’aurai appris, encore une fois.

Dis moi

Et si toi aussi tu crois aux synchronicités, dis-moi : quelles rencontres ont changé ta vie ?

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