Illusion, vérité et grands espaces : ce que mes voyages m’ont appris
L’illusion, j’ai longtemps cru que c’était réservé aux magiciens avec un chapeau haut-de-forme. Et puis j’ai compris que moi aussi j’étais une sacrée prestidigitatrice… surtout quand je me suis retrouvée à pédaler seule au bout du monde en croyant que « c’était une bonne idée ».
Spoiler : ça l’était.
Mais ce fut aussi l’un de mes plus grands cours sur la vérité vraie.
Depuis mes voyages à vélo, seule d’abord, puis un tour du monde complet avec Anthony, jusqu’aux pagayages de la côte Est du Groenland ou mes marches interminables dans le désert mauritanien, j’ai rencontré une multitude d’illusions. Certaines belles, d’autres moins. Et surtout, j’ai trouvé, là-bas très loin, cette vérité brute qu’on n’entend jamais en restant dans sa routine.
Illusion du voyage parfait vs vérité du terrain bosselé
Quand je pars en voyage, je me crée toujours une image de départ : des routes lisses, un vent de face jamais trop fort, des couchers de soleil flamboyants, un moral d’acier… bref, la version Instagram de l’aventure.
Et puis, dès les premiers kilomètres, la vérité apparaît.
La vérité, c’est les dérailleurs capricieux, les pluies surprises, les chiens trop motivés et ce moment où l’on réalise que la côte qu’on imaginait « pas si pire » est en fait une déclaration de guerre.
Mais c’est aussi l’accueil des gens, les sourires au coin d’un village, les invitations spontanées, et cette joie simple, presque enfantine, de tracer sa route à la seule force de ses jambes.
C’est ça, la vérité du voyage : moins lisse, mais plus lumineuse.
Illusion de maîtriser… et vérité du lâcher-prise (merci la Mauritanie)
En Mauritanie, j’ai marché dans le désert pensant que je « savais » ce que c’était : le sable, la chaleur, les dunes, la beauté.
Mais non.
Le désert, c’est une leçon.
Une vérité mise à nu.
On pense le dominer, mais c’est lui qui nous dépouille.
On croit avancer tout droit : illusion.
On zigzague, on contourne, on s’arrête, on doute… vérité.
Et au milieu de cette immensité silencieuse, la seule illusion qui reste, c’est celle qu’on entretient sur soi-même.
Le désert la balaye.
Avec une franchise qui ferait rougir un philosophe.
Illusion de la force… et vérité de la fragilité (merci le Groenland)
Pagayer le long de la côte est du Groenland, ça fait très « héroïne nordique qui ne craint rien ».
Et dans ma tête, j’étais cette héroïne.
Sauf que la vérité, ce sont les glaciers qui craquent, la mer glacée qui vous rappelle votre condition de petite créature fragile, le kayak qui tangue, le vent qui n’écoute personne.
La vérité, là-bas, est tranchante comme la banquise.
Elle te dit : tu n’es pas grande. Tu n’es pas invincible. Mais tu tiens bon et c’est suffisant.
Et cette vérité-là, je l’ai ramenée avec moi. Elle a redéfini ma façon de voyager. De vivre aussi.
Le tour du monde à vélo : illusions à deux… vérité à deux aussi
Voyager seule, c’est rencontrer ses propres illusions.
Voyager à deux… c’est rencontrer les illusions de l’autre en plus.
Avec Anthony, ce fut une symphonie d’attentes, de rêves, d’illusions et de vérités qui s’entrechoquent.
On part persuadés qu’on est hyper synchrones. Illusion.
On apprend à s’accorder, à parler sans parler, à se comprendre dans les silences. Vérité.
Et ça, aucun guide touristique ne te le dit.
Notre vérité à nous, c’était deux vélos, quatre sacoches pleines, quelques continents, des milliers de sourires, des galères, des cafés improvisés, une crevaison dans un endroit improbable… et une complicité qui s’est construite au fil des kilomètres.
Illusions utiles, illusions dangereuses : ce que les voyages m’ont vraiment appris
Chaque départ, chaque bivouac, chaque rencontre m’a montré la même chose.
Certaines illusions nous portent. Elles nous poussent à partir alors qu’on n’est pas prêts. Elles nous donnent l’élan. Elles sont l’étincelle. Sans elles, je ne serais jamais montée sur un vélo pour traverser un pays.
D’autres illusions nous enferment. Comme croire qu’on doit être parfait, fort, sans faille. Dans les moments de tempête, ces illusions explosent. Et c’est tant mieux.
C’est quand l’illusion tombe que le voyage commence vraiment.
La vérité vraie : un paysage qui se révèle au dernier moment
La vérité, je l’ai trouvée partout : dans un vent glacé polaire, dans un thé brûlant offert par un inconnu, dans le sable brûlant, dans les rives où j’ai posé mon kayak, dans les routes infinies du monde.
Elle n’est jamais parfaite.
Jamais définitive.
Jamais confortable.
Mais elle est belle.
Brute.
Nette.
Exactement comme ces instants que je raconte sur mon blog.
Finalement : l’illusion est le billet, la vérité est le voyage
Sans illusion, je ne serais jamais partie.
Sans vérité, je n’aurais jamais grandi.
Aujourd’hui, je marche, je pédale, je pagaie entre les deux.
Et c’est là, entre illusion et vérité, que je me sens vivante.
Illusions de voyage, vérités de route : ce que le monde m’a appris
On dit souvent que voyager, c’est chercher quelque chose. Je crois surtout que voyager, c’est apprendre à faire tomber des illusions. Edgar Morin l’exprime bien : « illusion et erreur sont les deux cécités de la connaissance ». Et si mes années sur la route m’ont appris quelque chose, c’est que mes plus belles vérités sont nées précisément là où mes illusions se sont effondrées.
J’ai longtemps cru qu’un voyage commençait avec un billet, une carte, un itinéraire. En réalité, il commence par une illusion. Celle du voyage parfait, de la maîtrise, de l’aventure sans accrocs. Je la connais par cœur : je l’ai fabriquée avant chacune de mes traversées à vélo, seule ou avec Anthony, avant chaque mise à l’eau au Groenland, avant chaque pas en trek. Une illusion nécessaire, douce, presque protectrice.
Mais la vérité, elle, m’attendait toujours plus loin.
Illusion du monde lisse, vérité du monde rugueux
Les réseaux sociaux ont inventé les voyages sans transpiration et les sommets éclairés par la golden hour. Illusion. Quand je pédale seule à travers un pays, la vérité se montre autrement : un dérailleur grinçant, une pluie froide, un vent mauvais qui se prend pour le maître du monde.
J’aime être cette nomade qui explore sans cesse. Vaincre ces illusions et voir, éprouver, c’est ça la vie !
