Je ne sais pas vous, mais moi, l’Ardèche en douceurs me fait toujours un effet étrange. C’est un peu comme retrouver un vieil ami qu’on connaît par cœur, mais qui réussit encore à nous surprendre. Avec Anthony, mon compagnon de route et de pique-nique improvisé, on y était déjà venus plusieurs fois. Mais cette journée-là, je vous jure, avait un goût d’exceptionnel.
Invités par Ardèche Tourisme, on a vécu un moment suspendu entre vapeurs d’orge, cabanes dans les arbres et vibrations musicales. Un de ces jours où tout s’aligne. Un de ces jours où je me dis que mon travail pour Découvertes d’ici et d’ailleurs, c’est vraiment une chance.
Des vapeurs et des anges : immersion à la distillerie des Feux de Saint-Jean
Tout a commencé à Saint-Jean-Chambre, dans un petit coin de campagne où l’on fabrique… de la magie liquide. La Distillerie des Feux de Saint-Jean ne paye pas de mine de l’extérieur, mais à l’intérieur, c’est un voyage.
Nicolas, le distillateur-poète des lieux, nous a accueilli avec une passion communicative. Entre deux éclats de bois, il nous a parlé de ses alambics (dont l’un nommé 43694, un code mystérieux entre Haute-Loire et numéro d’alambic), des fruits qui frétillent, des vapeurs qui s’élèvent, des « têtes » à jeter et des « queues » à oublier (oui, j’ai aussi levé un sourcil), du « bousinage » des fûts et de cette fameuse part des anges qui s’évapore chaque année comme un hommage discret au ciel.
C’était technique, sensuel, vivant. L’odeur du cuivre chaud, la voix de Nicolas, les gouttes qui tombent… On aurait dit un opéra alchimique.
Des cabanes et des notes : parenthèse enchantée à Belsentes
Ensuite, direction Les Cabanes de Labrousse, à Belsentes. Un nom déjà doux à l’oreille. Imaginez un nid perché entre les branches, des cabanes en bois, des hôtes adorables, et… des musiciens qui arrivent à vélo. Oui, vraiment.
Concerts en Roues Libres débarquent avec violoncelle, alto et flûte et un naturel déconcertant. On s’installe pour un pique-nique bucolique, entourés d’arbres, de chants d’oiseaux et de partitions flottantes dans l’air. Je crois que je n’ai jamais autant apprécié une tranche de pain-fromage que ce jour-là.
Je me suis même surprise à penser : « Et si je m’installais ici pour toujours ? » Avant de me rappeler que je n’ai pas le vertige mais une connexion wifi capricieuse. Dommage.
À vélo, la musique continue
Mais pas de temps pour rêvasser : les musiciens repartent à vélo… et nous aussi. Grâce aux vélos électriques Specialized mis à disposition par Ardèche Tourisme (merci pour mes mollets), on les suit sur 15 km jusqu’à Vernoux-en-Vivarais.
Je pédale sans sacoches, sans effort, presque honteuse de doubler les musiciens tirant leur matériel… mais bon, en Ardèche, ça grimpe ! Les paysages défilent, verdoyants, vallonnés et comme souvent ici, je tombe amoureuse d’un nouveau village sans même m’en rendre compte.
Vernoux, entre fossiles et frissons
À Vernoux, on change de décor. Lac aux Ramiers, calme et apaisant, puis direction le géosite du Bois du Four. Alors là, c’est une claque. Un site géologique sédimentaire où l’on peut littéralement lire la Terre comme un livre ouvert. Grès, calcaires, fossiles de gastéropodes, le tout vieux de 200 millions d’années. Je suis restée bouche bée devant ces couches de roche qui racontent l’époque où l’Ardèche était encore une mer…
Tarab sous les étoiles : concert à La Droguerie
Et puis… il y a eu le concert. À La Droguerie, un lieu qui ne ressemble à rien d’autre. Une salle intimiste, quelques rangées de chaises et les Concerts en Roues Libres qui reviennent, comme une boucle qui se referme.
Je me suis assise au premier rang. Et là, j’ai connu ce que les Arabes appellent tarab : cet instant suspendu, ce frisson profond qui vous relie à l’artiste, à la musique, à quelque chose d’universel. Flûte, violon, alto, violoncelle… Je les ai tous sentis résonner en moi.
J’en suis ressortie légère, heureuse, pleine.
L’Ardèche, encore et toujours
Ce n’était qu’une journée. Mais quelle journée.
Merci à Ardèche Tourisme pour cette invitation à ralentir, ressentir et m’émerveiller encore.
Si vous aussi vous rêvez de cabanes suspendues, d’alambics chantants et de concerts inattendus, alors… l’Ardèche en douceurs vous attend.
Et moi ? J’y retournerai. Encore. Et encore.
